Focus sur l’architecture des pentes de la Croix-Rousse
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Archi stylé et très prisé, le style art déco, mouvement artistique né au début du XXème siècle, a influencé tous les arts visuels, le design, la mode, le mobilier et bien-sûr l’architecture.
Abréviation d’Art Décoratif, il se développe en réaction à l’Art Nouveau, alors jugé trop exubérant, et connaît son apogée au cours des années 1920 avec notamment en 1925 l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes.
Villas, immeubles et hôtels adoptent des lignes épurées, des angles saillants, des motifs floraux, des hublots en façade, des bow-windows et se parent d’ornementations, de ferronnerie, de verre décoratif…
De célèbres architectes construisent des bâtiments restés emblématiques et cela aux quatre coins du monde, de New- York avec L’Empire State Building à Paris avec la Piscine Molitor ou encore le Grand Rex, de Miami dont les artères de South Beach sont bordées d’immeubles aux formes géométriques et aux teintes pastel à Bruxelles, berceau de l’art déco avec l’architecte Victor Horta.
De plus en plus plébiscités par les architectes d’intérieur, l’Art Déco et sa signature épurée reviennent sur le devant de la scène, investissent la décoration qui s’inspire du mouvement artistique des années 20. Papier peint à l’esprit « Gatsby le magnifique », motifs géométriques, dorure, marbre et laiton…, le style s’impose.
Une tendance que l’on retrouve sur le marché immobilier avec un engouement pour les immeubles et maison de style Art Déco de plus en plus recherchés.
Autrefois essentiellement convoités par un public pointu, féru d’architecture, les biens Art Déco des années 20 et 30 séduisent aujourd’hui de nombreux acquéreurs qui apprécient la lumière, les lignes, la modernité des plans, les larges baies vitrées et la signature d’un architecte.
« Ces appartements bénéficient de belles ouvertures, parfois de bowwindows et sont donc plus lumineux que les biens du XIXème siècle, par exemple. Les appartements s’organisent souvent en étoile par rapport à l’entrée avec des chambres très spacieuses. Il y a effectivement une vraie demande pour les immeubles Art Déco souvent plus chers au mètre carré, sous réserve de la qualité de la construction et des prestations qui peuvent être inégales » souligne Yves Mettetal de Primmo Immobilier.
Des propos que confirme Jérémy Jehan, directeur d’Espaces Atypiques Lyon.
« Les immeubles Art Déco se situent à Lyon dans des quartiers déjà bien prisés. Les appartements sont généralement lumineux, très fonctionnels et bénéficient très souvent d’un petit extérieur, ce qui est un véritable atout ! Quant aux immeubles ils sont bien entretenus et pourvus d’ascenseurs. Seul bémol, les charges de copropriété souvent élevées et le fait que les constructions de cette époque sont généralement sur le terrain des HCL. »
Si des pépites Art Déco se retrouvent dans les différents arrondissements de Lyon, c’est le 6ème qui rassemble le plus de constructions d’entre-deux-guerres.
Le quartier des Brotteaux est particulièrement riche avec des bâtiments remarquables comme l’hôtel Lugdunum avec ses frises orange à motif géométrique en façade et sa marquise ou encore le Palais de Flore, situé au 8 boulevard Jules Favre, coiffé de trois coupoles à l’anglaise qui est l’oeuvre de l’architecte Clément Laval.
Daté de 1930, il était à cette époque l’immeuble de logement le plus haut de France avec ses 40 mètres sur 10 étages !
Plus près du parc, la rue Sully rassemble de nombreux immeubles des années 20 ou 30, tout comme les rues de Créqui, Duquesne, Crillon, Duguesclin et le Boulevard des Belges qui compte de nombreux immeubles bourgeois Art Déco comme celui situé au numéro 66 dont le dernier étage est orné d’une pergola décorative.
Avenue Maréchal Foch, le regard s’arrête sur le numéro 1 qui est un magnifique exemple et bénéficie d’une situation exceptionnelle, avec une fabuleuse vue sur le Rhône, la Croix Rousse et Fourvière ou encore sur le bâtiment de bureaux au numéro 55 et ses deux bas-reliefs qui dévoilent deux visages accompagnés d’une roue.
Au 4, rue Bugeaud et au 129, rue de Créqui, l’architecte Pierre Renaud signe des immeubles résidentiels qui se distinguent par leurs façades multipliant balcons et bow-windows polygonaux ou convexes. Dans le 8ème arrondissement, la cité Tony Garnier demeure emblématique. Son origine remonte à 1917.
Edouard Herriot, Maire de Lyon, annonce alors la création de logements destinés aux ouvriers des usines situés entre La Guillotière et Vénissieux et confie le projet à Tony Garnier, architecte élu Grand Prix de Rome. Véritable « musée urbain », cet ensemble monumental se distingue par une architecture uniforme sur cinq niveaux, des volumes simples, orthogonaux, des toits- terrasses et des loggias, une alternance des pleins et des vides.L’architecte signe également la Halle Tony Garnier située dans le 7ème arrondissement, utilisée pour la première fois en 1914 pour l’exposition internationale de Lyon. Dans ce même arrondissement on retrouve le garage Citroën, une construction emblématique des années 30 et classé aux Monuments historiques en 1992.
Monumental avec une surface de 31. 500 m², le bâtiment de verre, d’acier et de béton est conçu par l’architecte Maurice-Jacques Ravazé. Les ferronneries sont signées par Jacques Prouvé, il est aujourd’hui transformé en immeuble de bureaux. Fabuleux exercices de style pour les décorateurs, lieux d’inspiration pour les architectes et appartements prisés par les propriétaires, les biens Art Déco ne manquent pas à Lyon.
Levez les yeux, admirez les façades et découvrez des joyaux architecturaux pour peut-être les habiter un jour. Qui sait ?
By : Sophie GUIVARC’H
Crédit photos : ©©Alexandre Montagne ©Groupe Primmo